L'industrie aéronautique française juge que le pire de la crise est à venir
PARIS, 2 avr 2009 (AFP)
L'industrie aéronautique française a réalisé en 2008 un chiffre d'affaires record de 37 milliards mais les pires conséquences de la crise sont encore à venir, et pourraient se traduire par des faillites et licenciements, a estimé jeudi son organisation professionnelle, le GIFAS.
"Le risque de défaillances de sociétés, allant du licenciement jusqu'au dépôt de bilan, est réel", a mis en garde Charles Edelstenne, président du Groupement des industries françaises aéronautiques et spatiales (GIFAS) lors d'une conférence de presse.
L'industrie a pourtant réalisé en 2008 un chiffre d'affaires record de 37,1 milliards d'euros, en progression de 4,7% à périmètre constant. Les prises de commandes ont en revanche baissé de 17% à 48,6 milliards.
Mais "nous faisons du pilotage à vue en 2009 et 2010, voire au-delà", a ajouté M. Edelstenne, pour qui la vague des difficultés "n'est pas encore arrivée" et déferlera dans les "semaines et mois" à venir sur le secteur.
Après 12.000 embauches et 2.000 créations d'emplois l'an dernier, il devrait y avoir une "réduction drastique des recrutements de l'ordre des deux tiers" en 2009, estime M. Edelstenne.
La baisse du transport aérien combinée à la crise du crédit fragilisent les compagnies aériennes, qui risquent d'annuler ou de reporter de nombreuses commandes, ce qui a déjà contraint les constructeurs - comme Airbus ou Dassault - à abaisser leurs cadences.
Il faut agir pour "sécuriser les livraisons" en mettant en oeuvre des financements, a plaidé M. Edelstenne, qui est aussi PDG de Dassault Aviation.
Le GIFAS souhaite que les partenaires européens d'Airbus (Allemagne, Grande-Bretagne...) et d'ATR (Italie) mettent en place des aides au financement sur le modèle des 5 milliards d'euros d'aides accordées par la France pour les compagnies clientes des avionneurs.
Le besoin en financement s'élève à 25 milliards de dollars au total, selon M. Edelstenne.
Par ailleurs, il a demandé une "attention toute particulière" des banques et de l'Etat envers les fournisseurs PME, qui souffrent déjà de difficultés de l'automobile.
Il faut "assouplir les règles de perception de l'impôt, des cotisations sociales, et de distribution du crédit" pour éviter des faillites et "que les banques n'appliquent pas aveuglément les clauses de remboursement des emprunts", demande le GIFAS.
Une dernière requête porte sur l'augmentation des crédits de recherche de l'Etat, en particulier dans le domaine militaire.
Malgré ce contexte de crise, le salon aéronautique du Bourget - dont la 48e édition se tiendra du 15 au 21 juin - "affiche complet" et reste "numéro 1 mondial" avec plus de 2.000 exposants, selon le GIFAS, qui en est l'organisateur.
Certaines annulations de la part d'exposants ont en effet pu être "compensées", selon M. Edelstenne.
2009 AFP
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